#partagetonféminisme Jour 16 - Afroféminisme

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Jour 16 de #partagetonféminisme, et aujourd’hui nous nous retrouvons pour parler de l'Afroféminisme. De trop nombreuses femmes racisées se sentent réduites à leurs corps, à une couleur, voire même à des saveurs ; un "exotisme" qui persiste encore et est issu de la pensée coloniale. En effet, ces femmes n’arrivent pas à exister pleinement, c’est pourquoi le féminisme est important pour elles, pour toutes. Cependant, cela a créé une division face à des femmes blanches bourgeoises qui, soit ne les voyaient pas comme des femmes, soit ne voyaient pas la double discrimination qu’elles subissaient (subissent toujours) en utilisant le terme Femme pour englober toutes les femmes sans reconnaître de différence. La division des deux féminismes est apparue en 1970 aux Etats-Unis, et est arrivée en France en 1976 avec la création de la Coordination des femmes noires.



Comme avec les féminismes arabes, j’aimerais mettre en lumière d’autres féminismes pour prendre conscience des combats des autres.


Commençons par l’incroyable bell hooks avec son essai semi-autobiographique Ne suis-je pas une femme ? Un titre qui rappelle la question que Sojourner Truth, ancienne esclave, lança en 1851 lors d’une réunion féministe où on ne voulait pas lui donner la parole à cause de sa couleur de peau. A cette époque-là, et encore maintenant, les femmes noires subissent diverses formes d’oppressions qui sont importantes de reconnaître, même quand l’on considère que nous sommes toutes égales. Dans son essai, bell hooks critique les féminismes blancs et l'universalisme qu’ils reproduisent ; des mouvements des droits civiques et de ­libération qui considèrent seulement le racisme et pas le sexisme. Par conséquent, le constat d’une part et d’autre est que les femmes noires se retrouvent marginalisées, vues comme trahissant la cause alors qu’elles sont doublement victimes. Remontant du temps de l’esclavage jusqu’au XXe siècle ; j’ai beaucoup aimé l’analyse socio-historique de bell hooks, qui n’est pas du tout pesante en chiffres et dates ; bien au contraire, elle évacue tout racisme et sexisme de cet essai, et apporte ainsi un nouvel angle de vue. Un essai incontournable pour comprendre les fondements de cette double discrimination.




Nous continuons notre chemin avec un deuxième essai : La pensée féministe noire, enquête sur l’ordre racial de Patricia Hill Collins. Aussi venu des Etats-Unis, c’est un essai complet sur les enjeux et les différentes théories de l’afroféminisme. Quand je dis complet… C’est vraiment complet ! Il faut avoir déjà l’habitude de lire des essais pour bien apprécier cet ouvrage car Patricia Hill Collins a souhaité rendre compte de toutes les formes de résistances faites par les femmes noires des États-Unis, jusqu’à la réelle émergence d’un courant théorique à proprement parler. Ce que j’aime bien, et qui je trouve, a rendu la lecture plus plaisante est la diversité des sources avec un mélange de littérature, des témoignages, des archives sur l’histoire militante, de la philosophie sociale et politique, de la culture populaire et de la sociologie. De plus, même si l’autrice s'attarde sur les luttes passées ; elle encourage à penser les dominations plurielles, à voir les problèmes sociaux de manière intersectionnelle, terme hautement important à l’afroféminisme, mais aussi incite à préparer l'avenir. Enfin, ce livre a la volonté de transmettre un savoir profondément ancré dans l’expérience des Afroaméricaines, mais aussi de partager une meilleure compréhension des combats pour les personnes non directement concernés afin d’être de meilleur.es allié.es.


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Jamais deux sans trois ! Voici maintenant l’essai Un monde en nègre et blanc d’Aurélia Michel. C’est le tout premier essai qui m’a marquée sur les questions du racisme. Marquée, en réalité choquée. Car nous vivons encore dans une société qui vous discrimine à cause de votre sexe et de votre couleur de peau. Un problème d’épidermes que traite Aurélia Michel dans cet essai socio-historique du racisme systémique français, en proposant quelques exemples de nos voisins européens. Elle revient sur les deux périodes de colonisation, qui ont eu lieu sur trois continents - Asie, Amérique et Afrique. Celles-ci sont en fait une seule et même période où se sont ancrés des stéréotypes dans tous les domaines des sociétés européennes, et que même les personnes racisées ont intégré, voyant ainsi leur identité biaisée. De plus, je tiens à souligner que cet essai est accessible car le souhait de l’autrice est de faire comprendre à un large public les mécanismes pseudo-scientifiques et médicaux qui ont favorisé l’acceptation de ces préjugés. Le dernier chapitre concerne les retombées économiques, politiques et culturelles actuelles. Malheureusement, le dur constat à la fin de cet ouvrage est que même si, dans les années 70, de nombreux états ont ratifié ne pas reconnaître la race comme existant; les discriminations perdurent…


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Encore un essai ? Non, rassurez-vous ! En dernier point, je vous propose un autre format : “Femmes noires et flamboyantes”, l’épisode 7 d’Un podcast à soi de Charlotte Bienaimé, diffusé par Arte Radio. Dès le début du podcast, on est plongé au cœur du problème “cette façon de traiter nos corps plus que notre personne, on est des sortes d’enveloppe plutôt que des êtres vivants…”. La puissance de ce podcast est indescriptible. Charlotte Bienaimé donne la parole à des femmes incroyables, qui toutes expliquent une facette de la double discrimination qu’elles subissent au quotidien. Deux discriminations qui sont aussi intériorisées, ces femmes ont détesté leur couleur, leur sexe avant de comprendre que le problème n’est pas en elles. Alors, ces femmes, elles s’organisent en association, en mouvement, écrivent des livres, expliquent. Bref, elles reconquièrent leur identité et changent les imaginaires. Ce podcast vous fait comprendre à quel point il est essentiel et nécessaire de prendre en considération différents paramètres: sexe, race et classe. De plus, si vous n’êtes pas directement concernés par des problèmes, dans le sens victime, vous pouvez ainsi réfléchir au terme de “privilèges” et à la relation domination-soumission qui s’exerce encore.



Pour aller plus loin, je vous donne le lien de la bibliographie suite au festival antiraciste organisé par Outrage Collectif


Tu es arrivé.e jusque-là ? Merci beaucoup d’avoir lu cet article écrit par @milou_arias, corrigé par @mathilde_litteraire, édité ensemble avec beaucoup de good vibes !

N’hésite pas à partager et à nous dire ce que tu en penses avec le hashtag #partagetonféminisme

Et retrouve l’article d’hier qui portait sur les Femmes dans la Romance.

Que du Love !

Emilie

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