Jour 5 de #partagetonféminisme, et aujourd’hui nous nous retrouvons pour parler des Vêtements ! Ah… Qu’est-ce que c’est cliché !? Rassurez-vous, cet article ne portera pas sur les prochains coloris à la mode mais plutôt sur ce que signifie un vêtement quand il est porté par une telle ou un tel. Effectivement, les vêtements ne sont pas neutres même si vous portez du beige (haha !). En effet, ils portent eux-mêmes des significations concernant le statut social, la volonté d’une belle apparence, l’envie d’appartenir à une communauté. Il peut aussi être le symbole d’une tradition. En Europe, les personnes portent généralement des couleurs sombres, les tatoos et les cheveux colorés “fantaisies” ne sont pas encore bien acceptés. Alors que dans d’autres pays, voir continents cela ne pose presque pas de problème temps que vous avez les compétences ! Là où je veux questionner les vêtements c’est d’abord dans un rapport de genres, puis après dans un rapport de cultures.
Je vous présente Alan et Thomas qui ont tous les deux accepté.es de répondre à mes questions portant sur le rapport aux vêtements :
E : Tes vêtements actuels, tu les a trouvés dans quel(s) vestiaire(s) ?
La majorité je les ai trouvés dans le vestiaire considéré comme masculin. Et pour quelques articles dans le rayon féminin comme certaines bottes, vue que dès que c’est brillant, c’est considéré comme féminin !
Moitié vestiaire meuf, moitié vestiaire mec. Depuis quelque temps, lorsque je rentre dans un magasin d'habits, je regarde systématiquement les deux vestiaires, je ne fais pas la différence. Mon choix se fait en fonction des couleurs, des matières, de la coupe, non en fonction d’une appartenance genrée.
E : Tu préférerais un vestiaire non genré ?
Clairement, ça serait plus simple pour tout le monde. Si montrer son corps et mettre des habits plus moulants, c’est considéré comme féminin, alors tant mieux si les autres m’assignent, tant mieux pour eux si cela les rassure. L'intérêt de ce vestiaire non-genré serait que tout le monde gagne plus de liberté, que ça corresponde plus/enfin à leurs personnalités.
OUIIIII
E : Est-ce que tu exprimes ton identité aux travers des vêtements ? As-tu rencontré des difficultés à trouver ce qui te plaisait si tu te contentais que du vestiaire imposé par la société ?
Par exemple, j’aimerais bien sortir en boîte avec des cuissardes, seulement je dois prendre en compte plein de paramètres juste à cause d’un vêtement : ça dépend de la boite pour être le plus possible en sécurité (gay ou pas) ; si je suis qu’avec des filles “mais comment je fais aux toilettes ?”.
Les vêtements sont un vecteur d’identité. Oui, j’exprime mon identité à travers mes vêtements, ils permettent de rendre visible, concret ce qui se passe à l’intérieur. Les vêtements permettent le jeu aussi, qui est un moyen efficace et ludique de déconstruire les normes de genre
J’ai rencontré des difficultés lorsque je ne m’habillais que dans le vestiaire de mon assignation et que j’étais frustré.e par le manque de choix.
E : Est-ce que tu trouves que les marques cherchent vraiment l’inclusivité, qu’elles capitalisent sur le dos des mouvements ou … ?
Je n’ai pas de contact avec ces marques androgyne ou non-genré. Mais les marques connues et binaires, clairement c’est assez facile de catégoriser c’est pratique et commerciale. Seulement, il faut aussi qu’on se déconstruise en tant que consommateur qui achète ces marques: tout le monde est à sa place dans le monde de la mode, et ceux qui ne sont pas interesse.es par les vêtements queers ne comprennent pas qu’il existe d’autres identités que les binaires. ces consommateurs-là risquent de ne plus acheter, et les marques ne prendront pas de risques. Pour moi, il y a plus d’avancées dans le vestiaire féminin, au niveau expressions d’identités queer. Les avancées dans le vestiaire masculin ont lieu dans des contextes bien précis comme la coutume où les hommes portent des jupes “kilt” ou des robes “djellaba”. Cependant on est encore très loin qu’un mec mette une jupe/robe comme des vêtements de tous les jours. Il y a une asymétrie où la femme doit montrer son corps et l’homme ne doit pas dévoiler son corps à cause de la virilité. C’est triste d’être résumé.e à ton corps. Par exemple, un homme qui veut montrer son corps c’est un “pd” car dans la tête des autres il est devenu une femme. Tu changes de place, de position sur une sorte d’échelle de virilité où la position inférieure serait celle d’une femme. En résumé, c’est cool que les marques cherchent l’inclusivité !
Les marques veulent vendre, donc elles veulent capitaliser. Rares sont les marques qui s’inscrivent dans une réelle démarche progressiste inclusive.
E : est-ce que tu as déjà entendu une remarque blessante et une autre ultra positive ?
Pour un pantalon serré, un crop top ou bien un body rose, on me dit “salope” “en rigolant” . Et bien je retourne le stigma, “je suis une pute”, et “c’est ok d’être une pute”. C’est là qu’on s’aperçoit qu’il y a beaucoup de stéréotypes qui s’empilent. Pour le compliment, à ma première Pride, plusieurs personnes sont venues prendre des photos avec/de moi. Et puis une inconnue est arrivée et m’a dit “You are fabulous!” (Tu es fabuleux.se!). Ma confiance en moi a été boostée! Finalement, on oscille entre de l’homophobie avec ce cliché du “gay folle dévergondée ultra-sexuelle” et celui qui ose, qui soutient la communauté LGBTQIA+.
Des remarques blessantes à caractère homophobe sur mes habits, des remarques aussi du genre « est-ce qu’il existe le même habit mais pour les mecs hahahaha » Les gens se permettent de commenter facilement les vêtements.
Et des remarques positives souvent sur mes choix, les coupes et les couleurs que j’essaie toujours de choisir intéressantes et dynamiques.
E : Est-ce que tu aimerais que le maquillage se démocratise encore plus ?
Bien sûr ! Que n’importe quelle identité de genre puisse avoir accès au maquillage pour n’importe quelle occasion. Mais après avec le capitalisme, on risque d’avoir une marque pour homme, qui va surement proposer de se maquiller “de manière garçon" ! Donc ça sera une avancée, qui sera limité par une reproduction, une prolongation des stéréotypes de genre.
Oui pour le maquillage !! ça peut être tellement fancy. D’ailleurs, c’est dommage que ça porte une charge genrée…
E : Et enfin que penses-tu de cette icône @markbryan911 ?
Génial ! Quelle icône ! C’est ce qu’il nous faut en termes d'expression de genre qui dérange les normes et en jouent !! Par exemple, ses vidéos où elles commencent sur des talons hauts, puis des jambes ultra-épilées et hop c’est un homme ! Le fait de déranger, de déstabiliser, cela redonne un espace à l'altérité non-binaire et trouble nos imaginaires. Ces chaussures binaires avec lesquelles on ne vit qu’une moitié de vie! La possibilité de ne pas pouvoir labelliser m’apaise. Dans cette diversité qu’elle offre, une réelle ouverture d’esprit est possible avec des codes qui changent et ont toujours changé. Dernier exemple, avant le rose était masculin car c’était une couleur considérée comme "guerrière” et maintenant cela signifie un manque de virilité.
Mark Bryan ! Incroyable ! Pour un mec ouvertement et tout ce qu’il y a de plus cis-hétéro d’être à ce point dans une déconstruction du vêtement au point d’en faire l’axe central de son identité numérique, d’être dans une forme de performativité du vêtement par la négative... j’adooooore.
Merci Alan et Thomas d’avoir partagé vos pensées 💜
En grandissant en tant que femme, je pense avoir beaucoup trop de fois entendu “Tu ne vas pas sortir comme ça ?”. C’est pour cela que le livre de Fanny Anseaume m’a de suite attiré ! Ce livre est un guide féministe, mais je vous propose de nous intéressé au chapitre concernant les vêtements. Même si j’avais déjà commencé ma “déconstruction” vestimentaire, il m’a semblé important jeter un coup d'œil à cet ouvrage, surtout avec un tel sous-titre “le féminisme expliqué à mon père”. Effectivement, des injonctions à s’habiller de telle manière, ou jamais d’une autre, ou bien être toujours attendue d’être bien habillée dans n’importe quelle circonstance est une belle prise de tête et une pression sociale assez grandissante une fois passée 18 ans. C’est ce que j’ai aimé de Fanny Anseaume qui partage son expérience, qui finalement peut toucher beaucoup de femmes qui se reconnaitront aussi. Ces injonctions qui se cachent sous des remarques, des proverbes et malheureusement des insultes. Toutes ces micro-agressions quotidiennes ne sont pas sorties de nulle part et ni de la nature.
Enfin, j’aimerais vous présenter Corps du monde : Atlas des cultures corporelles de Bernard Andrieu afin d’amener ce débat hors de l’Europe. Même si la fashion week de Paris est un des événements de l’année, nous n’avons pas le monopole sur le goût vestimentaire. Cet ouvrage permet de comprendre que le vêtement est un produit culturel qui permet d’assigner des personnes à telle ou telle catégorie. Malheureusement, cela a des fois un but d'ordination rigide qui peut faire passer une personne “normale” à “anormale” pour une tenue ou une coupe de cheveux et amener à des agressions. Personne ne mérite et ne doit être victime d’un choix vestimentaire. Bernard Andrieu remet en époque, contexte, lieu et personnes les vêtements ce qui donnent matière à réfléchir et inspiration. Que ce soit les corps, ou les vêtements, les deux portent des significations qui sont propres à chaque culture; qu’en passant d’un pays à un autre peuvent avoir des significations contraires. Autre débat de la mode, l’appropriation culturelle! Bon, je vous laisse d’abord réfléchir sur le rapport vêtements-genres et comprendre que celui-ci peut être dépassé et cela n’implique pas du coup la fin ou la perte d’une culture !
Tu es arrivé.e jusque-là ? Merci beaucoup d’avoir lu cet article écrit par @milou_arias, corrigé par @mathilde_litteraire, édité ensemble avec beaucoup de good vibes !
N’hésite pas à partager et à nous dire ce que tu en penses avec le hashtag #partagetonféminisme
Et retrouve l’article d’hier qui portait sur l’Éducation Genrée.
Pour vous procurer les ouvrages cités, c'est par-ci :
Que du Love !
Emilie
Coucou !
RépondreSupprimerQuand je travaillais dans le domaine de l'automobile, qu'est ce que j'ai pu en entendre. C'est vraiment très masculin (forcément) et c'est compliqué d'y travailler en tant que femme.
Néanmoins, je ne me suis pas laissée faire et au final j'ai trouvé ma place, cette expérience m'a renforcé et j'ai réussi à faire de la prévention sur le harcèlement et ça c'est top !
Bisous
Coucou,
Supprimerje suis fière de toi ! Tu as pris la place que tu mérites ! :)
Bravo :)
des bises