#partagetonféminisme Jour 012 - visibilisation des amours non-hétérosexuel

Hello,

Jour 12 de #partagetonféminisme, et aujourd’hui nous nous retrouvons pour parler d’Amours “a-normaux”. Qu’est-ce que je souhaite dire par-là ? Hier, Mathilde vous a présenté quatre histoires d’amour hétérosexuel. A juste titre, car l’amour hétérosexuel est l’amour le plus représenté dans la culture occidentale, et il l’a été pendant très longtemps. Une féministe que j’apprécie particulièrement, Monique Wittig nomma ce processus d’hyper-représentation de cet amour -l’hétéronormativité. En effet, toute personne naissant est attendue d’être hétérosexuelle, et si iel ne l’est pas alors iel doit le prouver (de nombreuses fois dans une vie) par le coming-out. Selon cette même féministe l’hétéronormativité va encore plus loin, elle forme une pensée binaire qui divise et oppose toujours les deux éléments d’une même paire, peu importe le domaine, par exemple : nature-culture ou économie-idéaux. Bref, revenons à la question de l’amour, mais aussi de la sexualité et des autres manières de faire couple; qui de plus en plus gagnent en visibilité.



Tout d’abord, commençons par les Invisibles de Sébastien Lifshitz. En 2020, j’avais découvert son travail avec son livre de photographies, qui désigne des couples homosexuels et lesbiennes pendant l’époque de l'entre-deux guerre. Ces photographies avaient été récupérées lors de marchés aux puces. En collectionnant ces souvenirs, Sébastien Lifshitz a décidé de réaliser un film sur ce sujet en 2012 ! Comment ai-je pu passer à côté ! Ce film-documentaire est magnifique, plein de tendresse et de compassion. Tour à tour, en couple ou célibataire, chaque personne témoigne de son parcours amoureux. Toutes et tous ont en commun d’avoir dit à voix haute leur homosexualité-lesbianise dans un contexte politique où ces relations étaient comme une maladie. De plus, j’aime beaucoup le fait que le réalisateur est interrogé des personnes âgées, souvent présentées dans la société comme n’ayant plus de sexualité et de désir pour l’autre; et bien non, tout le contraire ! Leurs donner la parole permet de faire lumière sur une époque où il y a peu de traces écrites (donc d’archives) sur ces communautés invisibilisées et marginalisées où tout semblait leurs destiner une vie sombre. Non, ce sont des photographies et des témoignages heureux et lumineux. Voici une phrase qui m’a beaucoup marquée et fait sourire : “Comment une vie bascule à travers une main qui s’aventure! ?”. 


Continuons avec Mémoires Lesbiennes de Lise Chamberland. Cet essai sociologique nous emmène au Canada, plus particulièrement au Québec, où Lise Chamberland a interrogé des femmes lesbiennes de 18 à 60 ans pour expliquer comment elles vivent/ont vécu leurs sexualités. J’ai beaucoup aimé le format de cet essai alliant témoignages, explications sociologiques tout en s’appuyant sur des journaux, la religion et des textes de loi qui étaient entrés en vigueur durant différentes périodes. Avoir des personnes de différents âges et de milieux sociaux permet de bien montrer la diversité des parcours en tant que lesbienne dans une société qui vous isole, vous pathologise et vous rend extrêmement vulnérable au regard de l’autre et de vous-même ! Prendre conscience que malgré l’injustice d’une époque, ces communautés se sont créées afin de proposer une solidarité, une entraide voir même un refuge, c’est très émouvant et révélateur de la discrimination sociale que vous pouvez subir si vous n’êtes pas hétérosexuel.les. Ce qui m’a plus dans cet essai est qu’il met aussi en valeur le clivage entre “homosexuel”, terme à la fois désignateur d’une sexualité particulière et générique d’un ensemble de sexualité, et les autres homosexuels. Beaucoup de femmes expriment leur manque total d’adhérence au mouvement gai, car elles se retrouvaient à nouveau derrière des hommes, même si elles avaient conscience que ces hommes n’étaient pas considérés comme tels par les “vrais” hommes. D’où l’importance de la création du mouvement LGBT, avec le L de lesbienne en premier, d’abord pour rappeler que ce sont des femmes lesbiennes qui ont créée ce mouvement, et que éviter de reproduire le schéma Homme= hommes et femmes. Cet essai est facile à lire, il comporte aussi des données statistiques qui n’empêchent pas du tout sa lecture !


L’amour n’est pas qu’une question de sexualité, c’est aussi une question de corps. Pour illustrer cette idée, voici la série argentine “metro veinte”, soit un mètre vingt. Juana est une adolescente handi de 17 ans qui arrive dans un nouveau lycée et bien sûr ELLE doit s’adapter à ses camarades. Elle se trouvera très vite de nouveaux ami.es avec son caractère bien trempé ! Ne se laissant pas faire, elle n’hésite pas à faire connaître son avis ! Il est important de souligner qu’il est encore difficile pour des femmes de dire oui/non même sur des questions quotidiennes. Avec le personnage de Juana, la réalisatrice María Belen Poncio souhaitait présenter les enjeux d’une adolescence handi argentine actuelle qui sont -  sexualité et réseaux sociaux. De nombreuses personnes handi, tous handicaps confondus, se voient souvent confisquées leur sexualité car la société estime que leur corps n’est pas apte à connaître cela, voir même, malheureusement, à se reproduire. C’est pourquoi, il me semblait essentiel de présenter cette série qui met en valeur, sans sublimer, les désirs sexuels et la possibilité de leur accomplissement des personnes handi. De plus, le contexte politico-féministe de l’Argentine se retrouve en arrière-plan de la série, c’est-à-dire l’accès légal à l’avortement. J’ai vraiment adoré ! Une série à retrouver gratuitement sur Arte juste ici !




Enfin, j’aimerais terminer cet article par un rapide tour d’horizon européen des lois et de l’éducation concernant ces amours "à-normaux". 

En Pologne, un journal de droite a proposé des stickers anti LGBTQIA+. En effet, plusieurs villes polonaises ont exprimé, plus ou moins implicitement, leur “désintérêt” envers cette communauté incitant les gens concernés à ne pas venir. L’artiste et activiste Bart Staszewski a décidé de faire assumer leurs propos en déposant des pancartes “zone anti-LGBT” à l’entrée de ces villes. Cela a provoqué une couverture médiatique importante qui montre le retour du rejet par l’interdiction des autres sexualités.

En juillet 2021, la Hongrie a voté une loi interdisant la promotion de relations homosexuelles-lesbiennes et du changement de sexe (trans’). Un célèbre master européen, portant sur les études de genre, a même dû quitter le pays et s’installer en Autriche à cause de menaces extrémistes.

La Suisse reconnait le mariage entre personnes de même sexe depuis le 26 septembre 2021. 

En France, les violences homophobes augmentent depuis 2019. Beaucoup pensaient qu’avec la loi sur le mariage, cela suffirait à faire baisser les violences. Non, il y a besoin et urgence d’une réelle éducation sexuelle sur le sujet (et bien d’autres !). De plus, les femmes handicapées voient leur autonomie financière menacée par une loi visant à faire dépendre leur indemnité par rapport au salaire de leur conjoint… Comment dire ? C’est une loi sexiste en créant un rapport de dépendance stéréotypé, ce schéma de homme = argent et femme = maison. 

Voilà… Les représentations bougent avec des réalisateur.ices qui mettent en avant ces amours “a-normaux”, avec des personnes de tous âges et tous horizons, donnant ainsi une possibilité d’identification plus large! Bien entendu, je n’ai pas parlé de toutes les formes d’amour/sexualité avec le bisexualité, le polyamour, la pansexualité et bien entendu l’asexualité.

Tu es arrivé.e jusque-là ? Merci beaucoup d’avoir lu cet article écrit par @milou_arias, corrigé par @mathilde_litteraire, édité ensemble avec beaucoup de good vibes !

N’hésite pas à partager et à nous dire ce que tu en penses avec le hashtag #partagetonféminisme

Et retrouve l’article d’hier qui portait sur l’Amour Hétérosexuel !

Que du Love !
Emilie

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